Le pre est veneneux
Quand il sort pour rêver dans le pre irregulier, sur l’herbe grasse, un beau parterre de broderie, en ete des fleurs communes et des baies bonnes à manger, en hiver des fleurs rares et des plantes vivaces. Marchant, il lui vient mille idees utilisables, chaque promenade est une leçon de choses : un chien, un moucheron, un moineau, un ver inconnu, une haie, un nuage… À mesure qu’il avance le monde s’ordonne, ce n’est plus un pre de derrière la maison, mais une pelouse desormais impeccable, les arbres ranges et leurs rameaux productifs, les eaux enfermees, des fleurs composees, carres, volutes verdâtres et cercles parfaits se plient au plan d’ensemble et rivalisent avec les sphères. Le jardin est agreable, riant, melancolique, romanesque, majestueux, magique ou fait de tous ces caractères et le jardinier est aussi philosophe. Mille chemins divers coupent de tous côtes, un dedale bien trace avec de l’herbe et des mottes, des tiges et des cailloux, des impasses, des boucles, un chemin double ou simple, serpenter, zigzaguer, un chemin droit ou avec coudes, des corridors et des chambres en enfilade. Le sol est un beau tapis odorant dont la geometrie varie et les haies sont des murs qui entendent. Une folie imperiale, henri II plantagenêt en construit un pour rejoindre rosemond clifford, un sale chemin couvert d’ornières, toutes ces belles raisons de sympathie, de force magnetique et de vertu occulte. Il est passe par ici, il repassera par là, il ne s’y perd pas vraiment mais en sort toujours perdu, choisirplutôt ce grand pre mal fleuri par l’automne.
P. O. L