Українська та зарубіжна поезія

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À CE QUI N’EN FINIT PAS (extrait)

C’est la première fois que je te quitte sans que tu sois
là. Je n’entendrai plus ta voix cicatrisee depuis tant
d’annees, couvrant mal sa blessure d’il y a beaucoup
plus d’annees, la voix quand je telephonais de loin et
que pour toi c’etait fini pour toujours pour quelques
jours, qui disait l’injustice et l’abandon contre toute
vraisemblance puisque peu de jours après le cours de
l’autre injustice, la quotidienne, reprenait, ta voix sans
raisons, et tu avais raison tant d’annees à l’avance puis-
qu’à la fin tu serais abandonnee, tu auras ete abandon-
nee, tu le savais, ta voix asphyxiee par l’absence et
l’insensee distance, et la normale, la raisonnable la
necessaire et l’insensee separation, ton être asseche par
la soudaine, evidente, foudroyante fatalite, le manque
d’être, le defaut de ce qui avait ete promis, le manque
à être ensemble, le cruel defaut inflige, l’inflexion victi-
maire, ton être infecte de preuves
et à la place de l’unisson la reciproque, l’instantanee,
la brutale blessure au telephone, comme dans un assaut
de bretteurs vulnerables, touches, touches en même
temps par la pointe emoussee de l’autre pour la mil-
lième fois ” ô fureur des cœurs mûrs par l’amour ulce-
res”
c’est la première fois que je te quitte sans que tu sois là
pour souffrir, et au lieu d’en recevoir au moins un alle-
gement de peine, de ne plus au moins te faire souffrir,
c’est mon abandon, celui que je desirais, citant l’amour
taciturne et toujours menace, qui tord l’eponge du
ventre et me change en pleureur, comme si le voyage
aggrave tant d’annees par ces mauvaises condidons,
cette contagion de torts reciproques, y avait trouve son
regime de melancolie, sa tonalite d’echec inevitable, de
quoi se nourrir et ceder sans regrets à son interruption.
Je me reveille sur la lagune equatoriale, bien avant
leur aube, comme d’habitude, et c’est pour l’anniver-
saire et son alarme, il y a un mois mourait ma femme,
je ne peux dire tu mourais, d’un tu affolant, sans desti-
nataire, et je dis bien “mourait”, non pas deperissait
ou lisait ou voyageait ou dormait ou riait, mais ” mou-
rait”, comme si c’etait un verbe, comme s’il y avait un
sujet à ce verbe parmi d’autres.

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À CE QUI N’EN FINIT PAS (extrait) - MICHEL DEGUY