Українська та зарубіжна поезія

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LE DISCOURS AUX ANIMAUX (extrait)

J’ai vecu pour me venger d’être.
Je recommencerai toujours le monde avec l’idee
d’un ennemi derrière moi.
Si on crache toutes ses pensees par terre, d’où vient
qu’elles tombent rien qu’en paroles?
Halte-là, qui gît? Hic et ici est la tombe de l’enfant
Ecarnicien du temps que je fus de temps en temps. Ce
crâne, au bout de mes dents est-il celui d’enfants qui
existent? Hic est la tombe de l’enfant Charnicième du
nom. Rien plane au-dessous, rien plane au-dessus. He,
pauvre Rie, dis salut à l’espace grand! – Salut espace
pedt, tout froid soleil, hauteurs toutes basses, plafond
sous planches! J’ai vecu dans des lieux dont on connaît
plus les endroits.
A la vie qui vaille, aucun cimetière vaut rien pour rien.
Ici tomba Louis, ici lutta Jean Bref. Ici souffrit l’enfant
Penulterin. Ici pensa le recteur Tenebron. Ici je me pen-
dis moi-même en me voyant d’avion. Ici aucun homme
ni plus marcha, ne n’a marche, ni n’entra, ni ne fut. Ici,
dans cette toute petite chose en terre de par terre, entra
l’homme de Lutta-Hucha qui fut un qui se prit vingt
ans de suite pour moi-même. Dites ce qu’il a dit si vous
êtes lui!
Paroles d’un muet, chantees dans sa tête : ” Quand
tu entends, demande au trou qui parle s’il est autre-
ment qu’en nous, et dis-lui qu’il nous perce par sa
cavite. ” Paroles d’un aveugle : ” Si tu vois Dieu, mefie-
toi de lui : c’est lui qui voit partout dans le noir, qui te
distingue en fourmi noire sur une pierre noire dans la
nuit noire. ” Paroles d’un nu : “Alors l’homme avala sa
nudite et il vit qu’elle est là. ” Il dit à sa bouche qu’elle
s’elève et se parle toute seule à elle-même, cent centi-
mètres au-dessus des choses du bas. Où logeait-il? Nous
sommes fermes dans un carre faisant mille centimoches
de tour de rien, plus des virgules monometriques qui
nous assaillent de part en part.
J’ai fait les cent pas; j’ai reconnu aucun des nombres
de mes actions ; j’ai construit en pensee un lieu toujours
où n’être pas ; j’ai voulu mourir pour me venger d’avoir
ete. J’ai retenu aucun des noms qui parlent tout seuls
dans la nuee. Tout air que nous lançons, nous ne l’en-
tendons que quand il resonne hors de nous-mêmes.
Animaux museliers, animaux, musicières inarticulees,
rusicières sans sons, venez nous arracher le reste de nos
oreilles restantes! Nous entendrons enfin garçons, l’air
qui sonne dans l’air où nous trouverons le seul trou par
où des bêtes qui viennent pourront entendre parler.
Plancher, cesse de coucher à l’horizon! Planche,
reste en bas maintenant sous mes pas. C’est sur toi que
je dois maintenant entrer l’Homme de Trou au Milieu.
Matière, viens dire si j’ai le cadavre assez divise ; parle
en moi. Entre l’Homme à qui il n’est rien arrive. Il est
sorti avant d’entrer.
On rappelle plus mon nom. J’ai recommence tou-
jours le monde avec l’idee d’un ennemi de quelqu’un
à personne par derrière. J’ai plus trouve personne qui
soit. – Au cas où on vous questionne, dites que vous
êtes l’Homme de Quoi. S’ils veulent qu’on en sache
plus, dites que vous êtes l’Homme de Trop.
Decline-toi, garçon! Vingt-huit syptiambre mille
vingt-trois sec, ne à Ermont et mort à Bref : un vingt-
sept quatre. Si j’etais lui, j’eusse cent fois trois fois rai-
son de mefaire soixante-dix fois simplement sa même
chose. Ainsi donc par exemple depuis ma naissance
j’ai souvent respire soixante-quinze fois par dix minutes
de suite. Combien de fois trois ai-je respire un chiffre
visible, coupable en deux? Ce va être la sept cent dix
mille billiardième fois et à la fin de cette phrase qui va
sonner le la, la sepdème trois trimilliardième de huit
de huit de ut que je reste là.
J’ai respire depuis que je suis dans la vie huit mille
sept fois par six minutes. En x temps j’ai respire six fois
par quatre, ce qui fait ici la huit cent dix millième
billiardième partie vive de ma vie envolee respiree en
soupir : douze fois font deux cent trois. Somme divi-
sible par deux, qui donc est bonne. He du gardien, par
chaque poumon, ça fait combien? On est dejà au huit
mille huit billionième. Enfant huit, vous venez d’entrer
dans la septième, partez de votre vie : elle est passee au
même instant où vous dites neuf.
Si un jour je suis, vous offrirez ma viande de vie aux
animaux. Si un jour je suis, je vous offrirai ma vie pour
la manger. Rien correspond aux sons que j’entends.
J’ai peint mes deux oreilles qui sont en bleu : j’avais
dejà peint les deux pieds de ma chaise en vide. Enfant,
j’avais dejà peint de travers un chien tout noir ender en
blanc, avec un trou noir au milieu pour voir dedans,
perce lui-même d’un blanc pour voir derrière.
Aucune vie vaut plus la peine qu’on la raconte sauf la
mienne si elle est courte. La sienne par exemple. Sept
huit soixante-treize, huit huit. J’ai vecu dans Jean qui
porte, j’ai vecu dans l’Homme de Trop, j’ai vecu enfant,
j’ai vecu en femme huit, j’ai survecu mon survivant, j’ai
persecu l’enfant Ulban, j’ai vivu d’aises et d’incapacite.
Redites son nom avant de parler! Un jour, j’ai bien failli
être le lendemain denomme l’Homme qui vous quitte la
veille. Car je vivais dans l’Homme de Rien qui passe sa
vie avant qu’elle soit.
Homme de la Terre, dis-nous la suite de ta dernière!
Je peux plus la dire, j’ai trop mal aux treize pattes et
mes huit fesses tout à travers encore meurtries par les
seances. Sujet, dites la vie de la liste qui est la courte
que vous vecûtes! J’en sais tout juste l’erreur par cœur :
Treize cent vingt-six quatre-vingt-trois et des annees
d’une tierce de deux et des poussières et des millions
de secondes qui nullent.

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LE DISCOURS AUX ANIMAUX (extrait) - VALèRE NOVARINA