L’IGNORANT
Plus je vieillis et plus je croîs en ignorance,
plus j’ai vecu, moins je possède et moins je règne.
Tout ce que j’ai, c’est un espace tour à tour
enneige ou brillant, mais jamais habite.
Où est le donateur, le guide, le gardien?
Je me tiens dans ma chambre et d’abord je me tais
(le silence entre en serviteur mettre un peu d’ordre),
et j’attends qu’un à un les mensonges s’ecartent :
que reste-t-il? que reste-t-il à ce mourant
qui l’empêche si bien de mourir? Quelle force
le fait encor parler entre ses quatre murs?
Pourrais-je le savoir, moi l’ignare et l’inquiet?
Mais je l’entends vraiment qui parle, et sa parole
penètre avec le jour, encore que bien vague :
” Comme le feu, l’amour n’etablit sa clarte
que sur la faute et la beaute des bois en cendres… “
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