Українська та зарубіжна поезія

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FACE À LA NUIT (extraits)

Il y a, au-dessus, terreur, mais
aujourd’hui je peux marcher :
bien travaille, aplani les jours et
les coups, je me souviens, la voix
de l’autre côte : Tu n’as rien vu et
terreur, encore, a frappe, mais
les cris, ce jour, se sont eloignes et,
là-bas, comme elle se resserre,
elle voit, et,
là-bas, comme elle se resserre,
je marche, elle crie,
je marche dans l’echo,
jusqu’au bout de sa parole.

Il est perdu mais, par bonheur,
l’enfant au loin tout au jeu de la perte,
tout au jeu de la disparidon, l’enfant
tout au jeu du retour. Fin de journee :
Tu reviendras? Il faut rentrer maintenant,
nous nous accrochons à la nuit,
sur ce papier, enfant, je ne te vois pas –
pour te toucher il ne suffit pas de tendre le bras…
Nous ignorons comment nous defaire de la nuit.
Je voudrais te prendre dans mes bras comme autrefois.
Tu me serres, tu t’agrippes, tu ne me lâches plus la
main.
Je te raconte des histoires d’enfant perdu, devore par la
nuit.
Mais ce n’est qu’un jeu depuis longtemps dejà…
Perdu sur ce papier je suis ton enfant.

Tout près de toi. À combler la distance.
Une vie d’efforts
soustraite à l’eclat du jour.
Depuis combien de temps n’ai-je vu le jour
qu’à travers une phrase d’autrefois?
Aujourd’hui comme hier l’air que je respire
est fomente dans la nuit.
Je suis cet homme dehors, tout à la nuit,
confiant dans la force de ses bras,
en danger de ne travailler jamais
que l’etendue sans fin de la terre
où il n’y a âme qui vive.
Pas même un tout pedt enfant
prive de la parole…

Pas de jeu ici… Tout dechire…
Main arrêtee à l’instant même…
Main abandonnee, doigts ouverts…
C’est l’heure noire de la nuit…
J’ai saccage à coups de pelle
ce côte que la menace a envahi…
Tout saccage, crache, vomi…
Je ne sais plus à quelle histoire rattacher ces mots,
les mots de la passion, les mots du desastre…
Je suis seul… Combien de mots nous separent?
De combien de mots me suis-je eloigne?
Plus assez de mots maintenant
pour dire ce que vaut la main d’un homme
incapable de dechirer le monde où meurt un enfant,
le visage tourne vers le mur…

Il y a, au-dessus, terreur, j’ecoute –
c’est tout mon travail – mais
je peux crier cette nuit,
recrire la scène de la mort.
Bien travaille en bas, bien
aplani les jours, la terreur.
Il n’y a plus d’histoire,
c’est à peine si je me souviens –
cette voix de l’autre côte :
Tu n’as rien vu, au-dessus, rien vu,
et là-haut, comme elle se resserre, elle voit,
elle marche, je crie, elle voit –
mais comme le pas se rapproche,
voici que le blanc progresse,
s’installe sous la porte.
Je ne suis plus à ma main,
les cris restent en suspens,
ma dernière phrase s’efface
dans la ligne du jour.

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FACE À LA NUIT (extraits) - ALAIN VEINSTEIN