LE CIMETIÈRE DES PROLÉTAIRES
II suffit de se recueillir dans un cimetière
De ville siderurgique ou minière
Pourvoir que les proletaires furent bâtards
Et bagnards de la nation
Et qu’ils n’eurent jamais la parole
Ils sont morts malades de la chimie et du nombre
Et de la chaux vive respiree dans leur poitrine
Sur leurs tombes pauvres gît seule une ombre
Ils sont partis si jeunes et si vite
Pauvres morts qui dormez dans l’eternite tranquille
Que vos vieux cœurs franchissent le ciel à la nage
Le bleu famelique de la pierre sur vos tombes
Verse bêtement les equations falotes
Du temps de mal vie qui reprend
Et de pitie sans mot qui refend
Mort qui sera venue lutter tout entière
Qu’est-ce que tu voulais?
Il faut longtemps pour adoucir la sauvage existence
Et retrouver alliance profonde de courage et de paix
Mais cette erreur est trop grande, elle nous devisage
Et personne ne sait prier bien
Ô mes frères mes camarades mes prieurs à table
N’êtes-vous pas perdus dans une neige eternelle
Et puis tant je m’egare et cherche à vous joindre
Que m’envient toute lumière amoindrie d’ecrire
N’importe ça ne fait rien je suis avec vous
Je marche un jour de pluie sous les arbres
J’ai pas perdu les gestes essentiels de vivre
Je continue seul mon communisme
L’Homme imprononçable, La Rumeur libre