Me voilà à nouveau parti en randonnee
Me voilà à nouveau parti en randonnee
dans les rues de Paris, abandonne
au seul petit plaisir de me desorienter,
ma boussole simplement aimantee
par le rythme auto-hypnotique de la marche,
par la pensee de Queneau et de Fargue,
et par la promesse eberluee d’un jardin
perdu au creux du rêve citadin.
Et je m’enfonce très loin dans le labyrinthe,
jusqu’à ce que la fatigue m’ereinte
ou que la tombee du soir me fasse songer
au chemin du retour : prenant conge
de ma rêverie de promeneur singulier,
je me faufile enfin dans l’escalier
du metro et rentre par la voie souterraine,
sachant combien ma course a ete vaine.
Avec de la chance, j’aurais rencontre Jacques
Reda. Il m’aurait montre comment chaque
rue peut, de la manière dont on la
contemple,
donner vie à l’espace et par un ample
mouvement entraîner toute la perspective
dans une euphorie communicative.
Ou alors j’aurais pu croiser Jacques Roubaud,
k-way bleu et casquette noir corbeau,
occupe à consigner les menus hasards
objectifs avec lesquels il prepare
dejà, au gre des rues, son poème futur,
sans se faire ecraser par les ouatures.
Labyrinthe, Cadex