DAVID ET JONATHAN
À la memoire de Guido Gezelle.
Je suis le vicaire de Courtrai, je suis ne dans l’annee
trente,
j’ai tant aime ce jeune homme, ils me l’ont arrache,
pendant des heures j’ai pleure dans ma chambre et puis
ma peine s’est adoucie bien que
jamais jamais je ne puisse oublier son âme et l’odeur
de sa peau,
j’enseigne l’italien,
ils m’ont arrache ce jeune homme qui montait me
voir dans ma chambre
et c’est depuis ce temps-là depuis les sanglots dans
ma chambre que
j’ecris des vers obscurs et des mots comme des chants
d’oiseaux, à present
pour qu’on ne puisse plus m’accuser de rien je joue
sur les mots, ils ne trouveront plus
jamais personne dans ma chambre de prêtre, j’ai
quitte
Roulers et Bruges maintenant
je suis à Courtraij’y fus accueilli comme un poète, mais
je n’enseigne plus la poesie, seulement l’italien et
aussi le catechisme, je prefère
ainsi m’adonner à ma poesie secrète, on saura plus
tard qu’elle etait grande, on saura tout
de moi, tout, on verra clair dans mon âme, on justi-
fiera
l’obscurite de mon œuvre, et je serai alors, à la fin du
siècle,
sauve, mais j’ai pleure dans ma chambre à Roulers
par mes glandes lacrymales, et rien
ne changera en paix cette agonie :
la main de chair blessee, le corps de chair.
Extincdon de la passion.