ODE À LA NEIGE
la
legère
candide
capricieuse
tourbillonnante
ouatee
poudreuse
neige dont j’aime
la
lente lente
chute
par un jour de grisaille aux vapeurs violâtres
ou quelquefois même (je l’ai vu)
par un ciel terre de Sienne
elle
papillonne blanc,
plus blanc que les pierides blanches
qui volettent en avril
comme fievreusement,
à moins que ce ne soit frileusement
autour
de roses
couleur d’âtre
meteore
qui touche ma manche
de ratine, y posant des cristaux à six branches
sous mes yeux d’etincelles
pluie
de
plumes
de
mouettes
muettes
recouvrant la plaine desheritee
emmantelant la forêt squelettique
epaisse, assoupissante et ensevelissante
blanche telle
une belle absence de parole
blanche autant qu’absolue
dans un silence d’œil
qui rêve l’eternite blanche
neige neigee
tellement soïeillee
que d’un blanc aveuglant
et brûlante!
moelle de diamant
neiges du Harfang aux iris jaune d’or
et ventre blanc pur de la Panthère des neiges
de quel oiseau fleche fuyant à travers ciel
ce pointille de sang sur la neige vierge?
regardez, par delà
cette grille givree
d’innocentes hermines
dorment tout de leur long
sur les bras des croix
alors qu’à l’interieur l’enfant
le front appuye à la vitre
pourjouer
fait de la buee,
dehors chaque flocon
eclate une petite larme
qui roule
en bas
du carreau
où le mastic est vieux comme la maison
Et
tout là-bas
(à l’heure de mon cœur qui bat tout bas)
quelqu’un
contemple
la rencontre de la neige
floconneuse, innombrable
avec la mer
formidable, comme
de plomb,
glauque