TESTAMENT
I
Je lègue à mes enfants
cette aube sans couleur
le pain triste les rues
où je fus dedouble
Je lègue les fontaines
qui m’ont parle la nuit
les wagons solitaires
et les ormes coupes
Tous les recoins obscurs
et les hangars deserts
Et mal interpretes
les rêves d’un bonheur
toujours decompose
Je lègue avec les rails
la rouille des annees
les trains sans voyageurs
la gare abandonnee
Je lègue après la joie
cette ville changee
Comme est change celui
qui croyait tout aimer
A mes enfants je lègue
mon infidelite
II
Je mourrai divise
mecontent Sans espoir
Je lègue à mes enfants
un immense devoir :
Reprendre pied Revivre
Achever chaque soû-
la tâche du matin
Donner enfin aux autres
une eau plus douce à boire
Je lègue à mes enfants
un sinistre miroir
qu’en souvenir de moi
ils voudront bien briser
Afin que les morceaux
reforment cette etoile
qu’en naissant j’ai trahie
Et que ma mort doit rendre
à son eclat premier
Je lègue à mes enfants
un imperieux devoir :
Ne pas desesperer