L’AMOUR DANS LES RUINES (extrait)
Tout reprendre à partir d’ici. De cette chaleur hesi-
tante. De l’ombre mal repoussee. Gagnante. A contre-
courant du paysage. Dans la roche qui domine.
Le retrait est tel que rien n’arrive.
Quitter la lenteur. Franchir. Les bruits resurgissent.
Obstines ou fidèles. Masse d’enigmes que notre dos
couvre. Un froid retrace ce parcours oublie de la
memoire. Des bêtes poursuivent une proie imaginaire.
Detente du corps dans les abris. A même le sol que
l’identite deploie.
Nuque vers soleil.
La chaleur retarde la marche par tous les angles.
Rien à voir. Un prolongement absurde à travers le
temps. Freiner le regard. Je les vois avancer. Se defaire
sous mes yeux. Une conversation a tout autant de
merite. Le passage des voix. D’un corps à l’autre. D’une
table à l’autre. Ce qui emplit la pièce, resonne, revient,
rebondit. Prend de l’ampleur ou s’estompe dans la cha-
leur des verres.
Trois couleurs : une femelle. Sous la table. Le froid
dans la main comme un recit.
Ils viennent revoir ce qu’ils n’ont jamais cesse de
voir. Ils s’approchent de l’enfance. Rien ne se fait.
N’avance. Lenteur et silence de la surface où il se meut.
(Designer du doigt l’emplacement de la nuit.) Des
voix? Des pas? Elles remontent. Et ce sera l’absence.
L’attente. L’etonnement devant l’etendue. (Noircir
pour le nombre et la fatigue.)
J’ai beau ne pas savoir, le nettoyage passe par l’aveu-
glement et l’aveuglement par l’insistance. La main per-
fore pour enchaîner la lettre qui donnera au corps la
legèrete appropriee à ce voyage.
Un bruit paisible, regulier, monotone. Un bruit qui
raccroche et centre. Qui fixe la perte. Qui relie. Un
bruit qui fait que l’on ne vacille pas totalement. Que
l’on se redent…
Une jetee noire. Geographie grammaticale et noc-
turne. Agrippe à l’air sans le savoir. Alimentant la perte.
On ne sait comment l’emotion arrive, se deverse. Je
le vois, contre ses fruits, debout, dechiffrant de l’œil et
des lèvres des lignes à la calligraphie houleuse. Et l’im-
pression de voir battre son cœur.
Car la repeddon est aussi ce visage qui brusquement
s’ouvre.
Et je te revois dans les draperies de la scène ressaisis-
sant ton livre dans le vif de la parole. T’apprêtant,
comme pour un office, à rendre la materialite du son à
ce theâtre.
La soif est une fable. Une histoire que plus personne
ne raconte.
Il porte à ses livres la verite d’un corps au point fixe.
Entre sommeil et fable.
Au milieu de l’image l’espace nourrit.
Lèvres dont le mouvement attenue la sentence
Nul portrait n’accède au feu.
Un sol sans idendte.
Rien avant la mer. Une table est face au monde.
Comme un ultime point d’appui. Un uldme retranche-
ment. Ou encore, un malaise grammadcal.
Des chiffres tournent à l’interieur de la main.
C’etait il y a longtemps, nous longions paisiblement
la côte quand l’horizon devint dangereux. Fendant la
terre. Trouant le reel… C’est dans une ligne que se
resout cette enigme. C’est dans une ligne que tombe la
mer et que disparaît le vertige. La perte de l’equilibre
etait dans l’horizon. C’etait il y a longtemps. Ainsi
devraient commencer tous les recits.
Ce n’est pas un livre pour vous.