KÔYASAN
Très haut, très loin perche vous trouverez un peuple
de pierre, un peuple gris entasse sous les cryptomères
et la fougère geante. Peuple impavide et froid qui ne se
remue pas. Ou ne se remue plus. Definitif. Assis aux
marches de l’infini. Qu’il se couche ou qu’il se brise,
cela n’est plus de son fait. On le croirait occupe à
mâcher, puis à recracher la brume, indifferent aux
desordres de ses assises et au tumulte du monde. Mais
la seule voix des gongs – bulles cuivrees qui montent
du fond des annees et viennent mourir ici dans le
silence -, la voix des gongs parle-t-elle seulement du
monde?
On accède à leur domaine par une vallee que borne
l’inutilite de lanternes vides et d’autels sans offrande.
La pensee par là nourrit de grands corbeaux pouilleux.
Ils volent pour elle. Us lui rapportent, dociles, en par-
tage, la paille et l’ecorce insanes de l’en-delà.
Poèmes du fond de l’œil
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