MAIN
là – une main, celle-ci
s’obstine,
mais ne caresse plus, ne
prend plus,
laissee pendre dans l’eau du passage,
et couche, imprime
dans le limon que chaque vague de jour efface
des phrases de vie,
par exemple
maintenant se souvient : enfant, la main sèche,
douce, du père,
l’autre
confirme (main sans voix sans lèvre) :
je suis
passant, comme eux, de plus en plus d’ici, mais
je n’ai plus de nom,
dont le nom,
loin du commencement, s’est vide,
le nom qui ne repond plus,
oublieux
des exercices, de la patience, des deboires,
elle
confirmerait : le fond
remonte à la surface, l’horizon là tout contre l’œil,
l’air, après jour et jour, s’est creuse :
vide
en avant de ses pas,
lui maintenant, passant immobile, s’enfonce,
m’enfonce enfonce, enveloppe de passage, me perds,
ici
m’attend, je
pourrais m’y dissoudre, attends que m’absorbe,
que remonte, fossile, la lumière,
remonte la lisse rumeur de fond imbiber la vue
etoffer l’air –
dejà
se regarde, la main, ecrire,
demande ce que devient plus près de la fin ici
son pas ecraseur de roseaux,
main
se vide (pour
tout l’au-dehors s’epancher) de soi, s’eloigne,
plus
personne dejà – non, mais là le dessein
n’être
personne, –
celui, là, qui dit je, c’est il – ne sait qui pose, ouvre
cette main,
bouger, la sienne, encore, long chemin –
l’horizon,
ses plis d’eau viendront ici bruire, s’amortir.