Українська та зарубіжна поезія

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RHINOCÉROS (Vincennes)

Surgissement. Non. Arrachement du monstre hors du
marigot. A chaque mouvement on craint que cette masse
ne renonce à apparaître, à mouvoir le temoignage irre-
futable d’un âge revolu. Inutile par la surcharge des
meplats. Carapace guerrière articulee, cloutee, capara-
çonnee, d’un cuir tanne mais vivant. Lenteur hesitante
de la demarche qui pousse de l’arrière-train une tête
aveugle de cagoule blindee, obstinee dans sa cecite,
farouchement butee, sourde jusqu’à la torpeur. L’unique
corne limee ment. C’est un ongle impuissant. Bloque
contre sa cage où l’a pousse un mecanisme hesitant, il
tourne obstinement le mufle loin de la lumière, recule
pour buter de son moignon de corne contre la grille.
Ferraillement. Cette masse puissamment armee, mais à
peine eveillee, touche comme le vestige ambulant d’une
nature desuète et oubliee. Elle suscite quelques idees,
comme : Nos blindes sont plus mobiles, mieux proteges,
plus implacablement puissants. Temple assourdi où se
celèbrent les mystères de la bêtise par excès de lenteur
et d’aveuglement. Ainsi se promène un fragment de
nature engourdie. Massive erreur tâtonnante mais pre-
servee par l’enormite même de ses imperfections. Bastille
inexpugnable et comme en derive de l’imperfection.
Bruit de corne contre le fer. Sa bêtise le reprend.

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RHINOCÉROS (Vincennes) - JACQUES GARELLI