Українська та зарубіжна поезія

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LE TÉLÉGRAPHE SOUS-MARIN

J’ai toujours cru inadmissible la restriction que cher-
chent à imposer à la neige ceux qui se chargent de por-
ter au monde sa parole
Parce que je sais que le cri de ce sel c’est le talisman
de la montagne
Et qu’un jour l’homme s’epanouira pour devenir
l’intelligence de la terre
Oui même l’homme avec ses cataractes c’est-à-dire
celui qui se soucie si peu des nebuleuses dont les franges
bouchent encore les barbacanes nuageuses du monde.
Et du soleil pour la dernière fois peut-être vaticinant
sur le verre etame de son tripode maritime
Rien ne me paraît plus admirable que cette gravure
toute brune representant plusieurs jeunes filles flottant
les pieds nus dans un espace splendide au centre de la
terre
Depuis je perçois au ciel les anges
Ils ne sont que de vastes vers avec dans l’eprouvette
de leurs ventres des boules d’azur
Ils ne sont que des tubes translucides qui ondaient
en se lovant par pointes et phalanges
Et autour d’Aldebaran les goules ces sacs rouges pal-
pitent lentement autour de leurs sept cœurs pareils à
des cadrans taches de rouille
Mais entre toutes ces etoiles
Le vaste vampire blanc qui flotte sur l’Atlantique
pour boire l’eau de la mer et la projeter dans l’espace
se suspend aux ailes de l’equation sous les mêmes aus-
pices que ces deux Peaux-Rouges aux visages d’obsi-
dienne aux paupières rongees par les climats qui se
tiennent au bord du desert pour contempler les phan-
tasmes du neant
Parce que je sais que toujours le verre brûlant gran-
dit dans son repaire de montagnes
Mais bien que je sois souvent tente au milieu des jar-
dins suspendus de Babylone
Reunis comme en un souffle d’extase par le reflet
sournois et amer de l’agate
Qui s’eloigne sans cesse entre les mains des femmes
Bien que je sois souvent tente donc d’eteindre les
rires de ce monde parmi les hippocampes delicieux à
fleur d’eau se revelant dans les cercles concentriques
de la belle-de-jour (volubilis imaginaire enroule avec
grâce autour d’un poignet si net)
Bien que parfois le grand personnage innommable
signe des etoiles noires et sceau inamovible du lacera-
teur bufaniforme promette de relâcher son contrôle et
de permettre à quiconque de justifier le diadème aux
pierreries d’encre par lequel il s’est impose aux ven-
deurs d’andmoine
Preposes aux portes des palais en jaquettes pivert
Je laisserai couler par le sablier de verre la buee qui
se ramasse si souvent aux vitres de ces villes
D’ailleurs l’argus à queue de nacre plane au-dessus
des nelombos
Ses pattes fletries sous les coups repetes de leur par-
fum
Qui sait je pense qu’il est parent du soleil
Puisqu’il s’echappe si facilement des nasses où
terre le dernier narval selenite parmi toutes les no
tules vigilantes la tête en bas l’aile gauche dejà à moide
depliee
Pour eparpiller ainsi qu’un arrosoir magnetique sur
le gazon le museau spectral du mandrill
Et c’est ainsi dit-on
Que fleurit le pied-de-loup dont la poudre sait si bi
simuler l’eclair

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LE TÉLÉGRAPHE SOUS-MARIN - CHARLES DUITS