Українська та зарубіжна поезія

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LA MARCHE À L’AMOUR

Tu as les yeux pers des champs de rosees
tu as des yeux d’aventure et d’annees-lumière
la douceur du fond des brises au mois de mai
dans les accompagnements de ma vie en friche
avec cette chaleur d’oiseau à ton corps craintif
moi qui suis charpente et beaucoup de fardoches
moi je fonce à vive allure et entête d’avenir
la tête en bas comme un bison dans son destin
la blancheur des nenuphars s’elève jusqu’à ton cou
pour la conjuration de mes manitous malefiques
moi qui ai des yeux où ciel et mer s’influencent
pour la reverberation de ta mort lointaine
avec cette tache errante de chevreuil que tu as
tu viendras tout ensoleillee d’existence
la bouche envahie par la fraîcheur des herbes
le corps mûri par les jardins oublies
où tes seins sont devenus des envoûtements
tu te lèves, tu es l’aube dans mes bras
où tu changes comme les saisons
je te prendrai marcheur d’un pays d’haleine
à bout de misères et à bout de demesures
je veux te faire aimer la vie notre vie
t’aimer fou de racines à feuilles et grave
de jour en jour à travers nuits et gues
de moellons nos vertus silencieuses
je finirai bien par te rencontrer quelque part
bon dieu!
et contre tout ce qui me rend absent et douloureux
par le mince regard qui me reste au fond du froid
j’affirme ô mon amour que tu existes
je corrige notre vie
nous n’irons plus mourir de langueur
à des milles de distance dans nos rêves bourrasques
des filets de sang dans la soif craquelee de nos lèvres
les epaules baignees de vols de mouettes
non
j’irai te chercher nous vivrons sur la terre
la detresse n’est pas incurable qui fait de moi
une epave de derision, un ballon d’indecence
un pitre aux larmes d’etincelles et de lesions pro-
fondes
frappe l’air et le feu de mes soifs
coule-moi dans tes mains de ciel de soie
la tête la première pour ne plus revenir
si ce n’est pour remonter debout à ton flanc
nouveau venu de l’amour du monde
constelle-moi de ton corps de voie lactee
même si j’ai fait de ma vie dans un plongeon
une sorte de marais, une espèce de rage noire
si je fus cabotin, concasseur de desespoir
j’ai quand même idee farouche
de t’aimer pour ta purete
de t’aimer pour une tendresse que je n’ai pas connue
dans les giboulees d’etoiles de mon ciel
l’eclair s’epanouit dans ma chair
je passe les poings durs au vent
j’ai un cœur de mille chevaux-vapeur
j’ai un cœur comme la flamme d’une chandelle
toi tu as la tête d’abîme douce n’est-ce pas
la nuit de saule dans tes cheveux
un visage enneige de hasards et de fruits
un regard entretenu de sources cachees
et mille chants d’insectes dans tes veines
et mille pluies de petales dans tes caresses
tu es mon amour
ma clameur mon bramement
tu es mon amour ma ceinture flechee d’univers
ma danse carree des quatre coins d’horizon
le rouet des echeveaux de mon espoir
tu es ma reconciliation batailleuse
mon murmure de jours à mes cils d’abeille
mon eau bleue de fenêtre
dans les hauts vols de buildings
mon amour
de fontaines de haies de ronds-points de fleurs
tu es ma chance ouverte et mon encerclement
à cause de toi
mon courage est un sapin toujours vert
etj’ai du chiendent d’achigan plein l’âme
tu es belle de tout l’avenir epargne
d’une frêle beaute soleilleuse contre l’ombre
ouvre-moi tes bras que j’entre au port
et mon corps d’amoureux viendra rouler
sur les talus du mont Royal
orignal, quand tu brames orignal
coule-moi dans ta palinte osseuse
fais-moi passer tout cabre tout empanache
dans ton appel et ta determination
Montreal est grand comme un desordre universel
tu es assise quelque part avec l’ombre et ton cœur
ton regard vient luire sur le sommeil des colombes
fille dont le visage est ma route aux reverbères
quand je plonge dans les nuits de sources
si jamais je te rencontre fille
après les femmes de la soif glacee
je pleurerai te consolerai
de tes jours sans pluies et sans quenouilles
des circonstances de l’amour denoue
j’allumerai chez toi les phares de la douceur
nous nous reposerons dans la lumière
de toutes les mers en fleurs de manne
puis je jetterai dans ton corps le vent de mon sang
tu seras heureuse fille heureuse
d’être la femme que tu es dans mes bras
le monde ender sera change en toi et moi
la marche à l’amour s’ebruite en un voilier
de pas voletant par les lacs de portage
mes absolus poings
ah violence de delices et d’aval
j’aime
que j’aime
que tu t’avances
ma ravie
frileuse aux pieds nus sur les frimas de l’aube
par ce temps profus d’epilobes en beaute
sur ces grèves où l’ete
pleuvent en longues flammèches les cris des pluviers
harmonica du monde lorsque tu passes et cèdes
ton corps dède de pruche à mes bras pagayeurs
lorsque nous gisons fleurant la lumière incendiee
et qu’en tangage de moisson ourlee de brises
je me deploie sur ta fraîche chaleur de cigale
je roule en toi
tous les saguenays d’eau noire de ma vie
je fais naître en toi
les frenesies de frayères au fond du cœur d’outaouais
puis le cri de l’engoulevent vient s’abattre dans ta gorge
terre meuble de l’amour ton corps
se soulève en tiges pêle-mêle
je suis au centre du monde tel qu’il gronde en moi
avec la rumeur de mon âme dans tous les coins
je vais jusqu’au bout des comètes de mon sang
haletant
harcele de neant
et dynamite
de petites apocalypses
les deux mains dans les furies dans les feeries
ô mains
ô poings
comme des cogneurs de folles tendresses
mais que tu m’aimes et si tu m’aimes
s’exhalera le froid natal de mes poumons
le sang tournera ô grand cirque
je sais que tout amour
sera retourne comme un jardin detruit
qu’importe je serai toujours si je suis seul
cet homme de lisière à bramer ton nom
eperdument malheureux parmi les pluies de trèfles
mon amour ô ma plainte
de merle-chat dans la nuit buissonneuse
ô fou feu froid de la neige
beau sexe leger ô ma neige
mon amour d’eclairs lapidee
morte
dans le froid des plus lointaines flammes
puis les annees m’emportent sens dessus dessous
je m’en vais en delabre au bout de mon rouleau
des voix murmurent les recits de ton domaine
à part moi je me parle
que vaisje devenir dans ma force fracassee
ma force noire du bout de mes montagnes
pour te voir à jamais je deporte mon regard
je me tiens aux ecoutes des sirènes
dans la longue nuit effilee du clocher de Saint-Jacques
et parmi ces bouts de temps qui halètent
me voici de nouveau campe dans ta legende
tes grands yeux qui voient beaucoup de cortèges
les chevaux de bois de tes rires
tes yeux de paille et d’or
seront toujours au fond de mon cœur
et ils traverseront les siècles
je marche à toi, je titube à toi, je meurs de toi
lentement je m’affale de tout mon long dans l’âme
je marche à toi, je titube à toi, je bois
à la gourde vide du sens de la vie
à ces pas semes dans les rues sans nord ni sud
à ces taloches de vent sans queue et sans tête
je n’ai plus de visage pour l’amour
je n’ai plus de visage pour rien de rien
parfois je m’assois par pitie de moi
j’ouvre mes bras à la croix des sommeils
mon corps est un dernier reseau de tics amoureux
avec à mes doigts les ficelles des souvenirs perdus
je n’attends pas à demain je t’attends
je n’attends pas la fin du monde je t’attends
degage de la fausse aureole de ma vie

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LA MARCHE À L’AMOUR - GASTON MIRON